Travail en ambiance chaude

Lors de l’été 2003, plusieurs accidents du travail (certains mortels) ont directement pu être imputés aux conditions climatiques exceptionnelles.
Les fortes chaleurs de cette fin d’année 2006 nous amènent à nous poser quelques questions quand aux risques encourus par les travailleurs exposés aux ambiances chaudes.
L’exposition à la chaleur peut être à l’origine de troubles sérieux chez un individu. En effet, la température corporelle de l’homme doit demeurer constante (homéothermie), quel que soit son environnement thermique. Les mécanismes de régulation permettant ce maintien de la température peuvent être débordés notamment en période caniculaire. Sur le lieu de travail, une combinaison de facteurs individuels (âge, santé physique, état de fatigue, dépense physique inhérente à la tâche…) et collectifs (organisation de l’activité, conditions de travail…) joue alors un rôle prépondérant non seulement sur la santé, mais aussi sur l’alétration des performances mentales et physiques des individus.

Que disent les chiffres ?

Les vagues de chaleur sont généralement associées à une élévation de la mortalité dans la population. En 2003, les conséquences sanitaires ont été sévères avec une mortalité touchant essentiellement les personnes âgées (surmortalité estimée à 14 802 décès). D’après les premières statistiques de l’Institut de Veille Sanitaire, environ 82 % des personnes décédées étaient âgées de plus de 75 ans. 15 décès ont pu être dénombrés à ce jour en milieu professionnel, principalement dans le secteur du BTP.

Quels sont les risques ?

L’exposition à la chaleur peut conduire à des pathologies du fait, soit de la mise en jeu des mécanismes de thermorégulation, soit du dépassement de leurs capacités. Une transpiration abondante et prolongée peut provoquer une perte de sels minéraux (déficit ionique), une déshydratation ou un épuisement thermique.
Le déficit ionique est responsable de crampes de chaleur.
La déshydratation est liée à la transpiration. La production horaire de sueur peut atteindre 0,75 litre par heure chez un sujet non acclimaté et 1,2 l/h chez un sujet acclimaté . Lorsque ces pertes hydriques ne sont pas compensées par un apport en eau équivalent, un état de déshydratation apparaît. L’accident de déshydratation peut survenir à partir du moment ou la perte totale atteint 5% du volume d’eau total de l’organisme .

L’épuisement thermique correspond à un début de coup de chaleur. Les effets liés à la décompensation de la thermorégulation sont également importants, en particulier le coup de chaleur. Il est rare mais son pronostic est très grave. Il est la conséquence de l’arrêt de la sudation qui peut survenir lors de toute exposition à une contrainte thermique sévère ou chez le travailleur portant des vêtements imperméables à la vapeur d’eau.

Que dit le Code du Travail ?

(article R.233-3-1)
Les chefs d’établissement sont tenus de mettre à disposition de leur personnel de l’eau potable et fraîche. En outre les travailleurs soumis à des conditions particulières (poussières, sécheresse, chaleur, intempéries…) doivent disposer selon le cas de boissons chaudes ou fraîches. Des contrôles bactériologiques et chimiques, permettent de s’assurer du maintien des critères de potabilité de l’eau et des boissons distribuées, et donc du bon entretien des installations.

Que dit la Réglementation Générale ?

Aucune indication de température n’est donnée dans le Code du Travail. Cependant, certaines de ses dispositions consacrées à l’aménagementt et à l’aération des locaux, aux ambiances particulières de travail et à la distribution de boissonss répondent au souci d’assurer des conditions de travail satisfaisantes.
L’employeur est tenu, en application de l’article L.230-2 du code du travail de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé des travailleurs de leurs établissements, en y intégrant les conditions de température.

En savoir plus : www.sante.gouv.fr/htm/actu/31_030808.htm

Que dit la logique ?

Vous devez être vigilant dès que la température ambiante (à l’ombre) dépasse dans la journée 30°C.

Le risque est accru :

* par des températures nocturnes supérieures à 25°C (qui ne favorisent pas une récupération complète de l’organisme : inconfort thermique nocturne et sommeil de mauvaise qualité)
* une humidité relative de l’air élevée ( supérieure à 70%)
Les boissons mises à la disposition du personnel sont à base d’eau potable et les éventuels aromatisants sont choisis en tenant compte de l’avis des intéressés et après avis du médecin du travail et du comité d’hygiène et sécurité.
Les aromatisants utilisés doivent titrer moins d’un degré d’alcool et n’avoir aucune action pharmacodynamique marquée.
L’emplacement des postes de distribution d’eau ou de boissons préparées sera choisi à proximité des lieux de travail et dans un endroit offrant des conditions d’hygiène satisfaisantes .
L’eau, les aromatisants et les boissons doivent être à l’abri des pollutions. Un soin particulier sera apportée à l’entretien et au nettoyage des distributeurs. Il est recommandé de ne pas adoucir l’eau pour boisson.

En dehors de vos horaires et de votre lieu de travail, vous pouvez vous « rafraîchir » avec d’autres types de boissons.
Mais l’abus d’alcool reste toujours dangereux pour la santé.

par Multiforse