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Maintenance incendie, un élément majeur de la protection
En réponse à une législation aussi complexe que tentaculaire, les fabricants des systèmes de protection active contre l’incendie apportent un soin particulier au service après-vente. Autant que la fiabilité de leurs matériels, il est un des composants principaux de leurs argumentaires commerciaux et de leur bonne – ou mauvaise –réputation.
« En aucun cas un abaissement de la qualité du service en matière de maintenance n’est admissible, et les entreprises ont un devoir de conseil vis-à-vis de leurs clients, pour les mettre en face de leurs responsabilités d’achat. » Michel Mallard, délégué général de la Fédération française du matériel incendie (voir encadré : La FFMI et ses missions) s’exprime avec lucidité sur l’importance de la seconde partie de l’acte de vente que constitue le service après-vente et, plus particulièrement, la maintenance des installations incendie.
Pour Michel Mallard, donner des réponses concrètes aux besoins de pérennité et d’efficacité de ces dernières est un des tout premiers devoirs des entrepreneurs de ce secteur. Prenant l’exemple des systèmes de sprinkleurs – qui représentent dans le pays une quinzaine de certifiés – il rappelle les obligations de chacun : « En ce qui concerne les systèmes de lutte contre le feu, plusieurs intervenants sont concernés par leur maintenance, détaille-t-il. Le concepteur de l’armoire électrique commandant l’installation, celui qui produit les groupes diesels, l’entreprise de plomberie, etc. Il faut donc parler certification pour chacun d’entre eux, tous étant, à leur niveau, responsables de leurs matériels et de leurs installations. Dans le domaine des extincteurs, c’est encore plus compliqué puisque 50 % des fabricants prennent en charge la prestation sur contrat, tandis que l’autre moitié, composée de détaillants ou revendeurs, assure sa part. C’est donc très différencié en regard de toutes les activités et intervenants. Cette analyse est identique dans la détection, où des entreprises indépendantes réalisent une partie des mises en œuvre, mais où les fabricants en assument également une autre partie, etc. La responsabilité est souvent du fait du tout dernier maillon de la filière, puisque l’on ne fait pas installer des systèmes de détection par n’importe qui. On ne peut pas tenir un industriel concepteur responsable d’un mauvais fonctionnement si, entre la sortie d’usine et la mise en œuvre, plusieurs acteurs sont intervenus. »
Dans ce marché où se côtoient souvent le meilleur etparfois le pire (notamment sur le marché des extincteurs), l’acheteurcherchera des références. Le site Web de la FFMI sera,à cet égard, une source appréciable de renseignements concrets,d’indications précieuses, et d’adresses d’entrepreneurs certifiés ou approuvés.
L’Europe et ses conséquences
Pour le responsable de la FFMI, la Communauté européenne a des effets pervers sur la protection incendie, liés à ses structures et ses diversités : « L’Europe conduit systématiquement à un nivellement par le bas de ce secteur, notamment en matière de qualité, à cause des disparités des 27 pays qui la composent. La Fédération lutte contre le phénomène, dû aux impératifs et législations très différentes les unes des autres. Pour ce faire, nous sommes intervenus au plus haut niveau, en rappelant les responsabilités de chacun, et nous avons donc veillé qu’entre 1995 et 2009 les certifications soient renforcées – passant de cinq à vingt-sept –, dont treize pour les services associés liés à la maintenance et à l’installation. »
En résumé, à l’opposé du syndrome du « plombier polonais », qui veut que toute entreprise puisse exercer dans son domaine sur l’ensemble du territoire communautaire, ces certifications de services ont permis d’augmenter le niveau qualitatif des intervenants. Des exigences, définies de façon paritaire, référencées, contrôlées par une tierce partie indépendante sont ainsi appliquées aux entreprises de maintenance sur notre territoire. Mais, d’après Michel Mallard, l’harmonisation n’est pas pour demain, les niveaux des pays étant fort dissemblables les uns des autres. « Si on vendait des tractopelles, il n’y aurait pas urgence, souligne-t-il. Mais il s’agit de matériels assurant la sauvegarde des personnes et des biens, et nous n’avons donc pas droit à l’erreur ou au sous service. La libre circulation des personnes et des matières est une chose, celle des compétences en est une autre. Il faut normaliser, ce qui n’est pas évident, et donc, nous devons surtout nous attacher à la formation. Ainsi, la mise en place des CAP « Maintenance » – nous avons 3 100 diplômés en ce domaine – constitue un plus qu’il faudra développer dans l’ensemble de l’Europe. »
Des SAV à la carte
Devant la diversité des systèmes installés et la complexité de certains, la maintenance et tout autre service que recouvre le SAV ne peuvent se faire souvent qu’au cas par cas.
Evoquer la maintenance en matière de protection incendie oblige à cataloguer les systèmes mis en place. Il est évident que ces derniers, par leurs spécificités et leurs techniques, génèrent des obligations ou motifs d’intervention les plus divers : les sprinkleurs ne se surveillant pas de la même manière que les extincteurs gazeux. Un dénominateur commun réunit cependant l’ensemble des intervenants, sur fond d’efficacité, de service rendu et d’obligations légales. Il a pour nom la pérennité de l’installation. D’autres parleront de l’efficacité globale de cette dernière. Car la question la plus importante reste celle de l’intervention en cas de sinistre et la réponse aux risques encourus. Pour tous les fabricants et (ou) installateurs, le souci est identique : en cas d’accident, mon système préservera-t-il comme je l’ai assuré, le patrimoine, la matériel ou les vies sur le site où je l’ai installé. Et quelles seront les poursuites que l’on pourra diligenter à mon encontre si le travail a été mal effectué ?
A ces interrogations, les professionnels reconnus opposent leur connaissance des procédés et des risques incendie encourus, la qualité de fabrication des équipements et de leur installation , et la rigueur du suivi apporté après. Guidés par une certification rigoureuse, qui leur sert de référence, et encadrés par des dispositions réglementaires coercitives, ils garantissent le bon fonctionnement de leurs systèmes.
Les sprinkleurs
Georges Renaud, directeur technique du groupe Tyco FIS (siège à Trappes, dans les Yvelines), installateur certifié de systèmes « sprinkleurs » éponymes, mainteneur de ces derniers et, par ailleurs, président de la Commission technique du Groupement des installateurs de systèmes sprinkleurs (GIS), reconnaît l’importance de l’après-vente et s’exprime ici également au nom de ses confrères. « Nos installations protègent efficacement des entrepôts, usines, magasins, bureaux ou établissements recevant du public, d’une grande variété de risques. En France, les centres commerciaux dont la superficie excède 3 000 m² doivent être protégés par sprinkleurs (c’est obligatoire). Tyco FIS est un spécialiste de la sécurité, qui propose une large gamme de produits, depuis plus d’un siècle à travers une histoire portée par plusieurs sociétés. Nous avons donc un savoir-faire et une réputation, dont nous sommes, bien entendu, tributaires. »
Les sprinkleurs de la marque bénéficient d’une garantie après-vente permanente. En effet, l’efficacité du système sprinkleur n’est plus à démontrer, mais nécessite d’être maintenue en permanence en bon état de fonctionnement. La vérification et la maintenance des systèmes sprinkleurs sont encadrées par des règles et normes comme, par exemple, la règle APSAD R1, la norme NF EN 12845, la norme NFPA 25, la règle FM Global 2-81, qui précisent la périodicité des opérations de contrôle et de maintenance afin que les systèmes soient opérationnels le jour où ils devront fonctionner.
En France, la majorité des systèmes sont réalisés suivant la règle APSAD R1 ce qui impose une certification et un suivi des installateurs et des vérificateurs. Cette certification ainsi que le suivi des systèmes sprinkleurs sont des éléments de confiance indispensables pour l’assuré et l’assureur. Le certificat de conformité N1 est reconnu par tous les assureurs membres de la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA).
Tout d’abord, le propriétaire est responsable de l’état de son système sprinkleur et doit veiller à le maintenir en permanence en bon état de fonctionnement. Un suivi régulier est proposé à plusieurs niveaux : le propriétaire est chargé, de son côté, d’un examen quotidien du système, assuré par le personnel. Un contrôle hebdomadaire du fonctionnement peut aussi être accompli par l’utilisateur ou l’installateur sous contrat. Les tests effectués concernent la performance des sources d’eau afin de s’assurer de la couverture des besoins hydrauliques, du bon fonctionnement des postes de contrôle, des systèmes de report des alarmes, etc.
« C’est plusieurs heures par semaine de travail pour le technicien, explique Georges Renaud, mais ce n’est pas obligatoire. Seule la visite semestrielle l’est, en vertu des règles françaises APSAD R1, sous forme d’un contrôle de l’ensemble du système sprinkleur effectué strictement par une entreprise certifiée. Pour ce faire, nous employons vingt spécialistes, dont c’est la seule mission. Ils effectuent des tournées régulières à travers tout le pays. »
Outre les obligations contractuelles, un programme d’entretien et de maintenance est établi sur la base des modes opératoires recommandés par l’installateur et les fournisseurs de composants.
> Ce programme comporte entre autres :
– les opérations quotidiennes permettant de s’assurer du bon fonctionnement du système,
– les opérations hebdomadaires visant aux essais de fonctionnement des sources d’eau, contrôle des postes de contrôle, report d’alarme, etc.,
– les opérations annuelles portant essentiellement sur l’entretien des groupes de pompage,
– les opérations triennales, qui représentent untravail important concernant le démontage, le nettoyage, ler emplacement des joints, etc.
Les systèmes d’extinction à gaz
Deux grandes familles se distinguent :
– gaz inhibiteur chimique, agissant directement sur la flamme,
– gaz inerte, fonctionnant par réduction du taux d’oxygène dans le local.
Chez Siemens, spécialiste du secteur, on installe les systèmes d’extinction de gaz dans des salles informatiques ou télécom, ainsi que sur des sites industriels, où leur mission principale reste la protection de l’outil de travail. Airbus, EADS, Total, parmi de nombreuses autres entreprises publiques ou privées, font confiance à Siemens.
« Nous sommes, en France, sur un marché régi par une certification assurance APSAD (R13) », explique François Bryon, responsable marketing extinction au siège de Siemens à Buc (Yvelines). Par ailleurs président du Groupement des fabricants installateurs de systèmes d’extinction automatiques fixes (GIFEX), François Bryon s’exprime également au nom de ses confrères : « La certification APSAD reconnaît Siemens en tant qu’installateur et en tant que mainteneur, intervenant dans ce dernier domaine sur nos propres matériels. Cependant, d’autres professionnels peuvent nous remplacer, sous condition d’avoir été formés par nos services à l’après-vente. Siemens est fabricant et installateur et assure le suivi des produits à travers son réseau, qui, sur l’ensemble du territoire national, est constitué d’une quarantaine d’agences et d’établissements de proximité, répartis dans sept grandes régions. Nous sommes toujours à moins d’une heure de nos clients, afin d’intervenir rapidement. »
« Nous avons un devoir de conseil, explique le manager, imposé par ailleurs par notre certification APSAD. Nous attirons l’attention du client sur le problème, par écrit afin de laisser une trace, et nous lui proposons d’adapter son installation à ses nouveaux risques… »
La garantie fabricant des systèmes à gaz étant annuelle, le contrat de maintenance, bien que recommandé, n’est pas une obligation, les visites de contrôle s’effectuant, de facto, à dates régulières. Les recherches de fuites et le fonctionnement des manomètres régissant les réservoirs sous pression en sont les éléments principaux, mais ils peuvent être complétés (sur contrat) d’une vérification d’étanchéité des lieux. Pour François Bryon,« c’est le point critique de l’installation, souvent remis en question par des passages de câbles, notamment dans les salles informatiques, et nous devons nous y intéresser d’autant plus que nous sommes tenus de respecter dix minutes de rétention du gaz dans le local protégé. Mais, là aussi, nous n’avons qu’un rôle de conseiller, la remise en place ou le rebouchage des trous restant de la responsabilité du client. En fait, la maintenance sera, pour nous, plus une affaire d’études et de prescriptions qu’une intervention sur le matériel en tant que tel ».
La détection
D’après Régis Cousin, directeur du Marketing chez Aviss (Alarme, Vol, Incendie, Systèmes Sécurité) la vaste gamme des produits du marché impose des services de maintenance multiples et variés. D’autant plus que, le flou de la législation est loin de clarifier une situation fort complexe. « On parle beaucoup de détection domestique, depuis le premier projet de loi d’octobre 2005, explique-t-il. En réalité, détection domestique et détection système n’ont aucun point commun, si ce n’est la détection d’un début d’incendie. En dehors de cette similitude, tout est différent : les normes, les mises en œuvre, les références, etc. Pour notre part, nous mettons en œuvre la détection et le système de sécurité incendie pour nos clients, qui sont des gestionnaires d’ERP, d’immeubles de grande hauteur, d’entrepôts de stockage, et autres lieux de travail. Nous gérons la mise en sécurité de tous les types de bâtiments sauf, bien entendu, le logement des particuliers. »
Secteur le plus sensible de ce catalogue, les établissements recevant du public, dans lesquels sont protégés les visiteurs et le personnel. Les règlements sont tributaires du site, et de son emploi. Les études d’implantation ou de dotation sont effectuées au cas par cas, en regard de la nature du risque couru. Doit-on détecter, en priorité, des fumées, des flammes, ou des gaz ? On comprendra que la stratégie mise en place sera extrêmement variable selon qu’il s’agira de protéger un centre hospitalier ou un entrepôt d’alcool ou de produits chimiques. La maintenance suivra donc ces paramètres, en rapport avec la mise en sécurité adaptée et les outils utilisés. Elle pourra concerner le bon état des indicateurs lumineux de sortie, celui des détecteurs de fumée posés au plafond, celui des alimentations électriques. Assurer le bon fonctionnement et la fiabilité de chacun des éléments composant le système de sécurité incendie (SSI) constituera le tout premier objectif pour obtenir un système durable de détection et de mise en sécurité.
« Nous avons autant de réponses produits que de demandes de sécurité, rappelle le responsable d’Aviss. Nous utilisons l’électronique dans les centralisateurs de mise en sécurité comme dans les dispositifs d’alarme et les détecteurs. Les détecteurs de fumée, qui ont un rôle critique pour garantir une détection précoce, sont placés dans des environnements plus ou moins difficiles. Ainsi, on les remplace une fois tous les quatre ans, pour assurer un fonctionnement optimal. La maintenance joue un rôle déterminant pour s’assurer, au fil du temps, que le SSI en place sera parfaitement opérationnel le jour J, à l’instant I, alors que cette sollicitation interviendra souvent plusieurs années après sa mise en service. »
La maintenance reste affaire de règles, édictées pour les différentes familles de matériel. Elle dépend aussi des assureurs, qui fixent à leurs clients des contraintes basées sur les règles APSAD et liées aux risques de leur activité, ceci pouvant générer, au cas par cas, des exigences particulières.
« Quant aux prestataires, là aussi la pluralité règne, en fonction des fabricants, ajoute Régis Cousin, président du Groupement français des industries électroniques de sécurité incendie (GESI). Vous avez des constructeurs qui développent, fabriquent et distribuent, à travers un réseau de revendeurs. Ce seront donc ces derniers qui interviendront au final. Il y a des équipementiers, qui installent et maintiennent leurs systèmes SSI mais, en règle générale, c’est le dernier intervenant qui est responsable. La valeur ajoutée pour le client qui confie l’installation du SSI ou sa maintenance à une entreprise certifiée APSAD (R7), c’est de disposer de compétences techniques et d’un savoir-faire métier propre à la sécurité incendie, validés par une tierce partie indépendante. »